D'azur à trois molettes d'argent.
Quand en 2011 Xavier Normand, journaliste à l'Action Agricole Picarde, qui publie dans son hebdomadaire des photographies aériennes et des notices historiques consacrées aux communes de la Somme, sollicite Mme Gallet, maire de Miannay, pour connaître le blason de cette commune, c'est un blason "d'azur à trois molettes d'argent" qui lui est indiqué, quoique la commune n'en fasse pas usage.
[Il restait] quelques doutes au sujet de ce blason que donnaient quelques sites en ligne. Sans doute, fallait-il chercher du côté de la famille De Miannay, mais même Belleval, grand spécialiste des vieilles familles du Ponthieu et du Vimeu, avoue son incompétence en matière d'armoiries, pour cette famille qui a tenu la seigneurie de Miannay de la fin du XIIe siècle (au moins) jusqu'à 1380. "[La famille...] disparut entièrement après la première moitié du XIVe siècle" écrit Belleval (Nobiliaire, tome 2, 1864, p 207), précisant que "Martin de Miannay est au nombre des nobles et fieffés du baillage d'Amiens convoqués pour la guerre le 25 août 1337", et avouant: "Les armes de cette famille nous sont inconnues".
Un élément vient confirmer la justesse du choix de la commune de Miannay: dans la collection provenant du peintre héraldiste belge Marcel Stiennon (†2000), réalisée vers 1958 et consacrant un bon nombre de ses gouaches (rendues récemment publiques) aux familles picardes, la famille De Miannay est représentée par un "d'azur à trois molettes d'argent". La rigueur de l'héraldiste louviérois est connue; il n'y a pas lieu de douter davantage du bon choix de la commune de Miannay.
(Jacques Dulphy)
Armes de la famille de Miannay (XIIIe-XVIe siècles).
Gouache de Marcel Stiennon, 1958.
(Aimablement transmis par Jacques Dulphy)
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Ancienne seigneurie, fief de la famille de Miannay, mouvance des seigneurs de Ponches en Ponthieu.
On trouve en 1200 Godefroy de Miannay puis vers 1243 Geoffroy de Miannay qui conclut un accord avec l'abbaye de Sélincourt.
Vers 1300, Jean de Miannay, chevalier.
Son fils Martin est convoqué pour la guerre en 1337.
De 1373 à 1380 Remy de Miannay.
Vers 1390, la seigneurie fut vendue ou cédée à la famille de Pierre Roussel, écuyer, seigneur de Mons, anoblie en 1391, bailli de Bailleul comme le furent ses successeurs pendant 5 générations, il fut maïeur d'Abbeville à 6 reprises entre 1390 et 1450.
Roussel : de sable à trois aigles éployées d'or.
Daniel Roussel, maréchal de camp, fut député général des protestants au début du règne de Louis XIV.
Suzanne Roussel de Miannay, sa fille et seule héritière, épousa en 1659 Daniel de Boubers, vicomte de Bernâtre, capitaine de cavalerie, qui acheta en 1693 la terre de Boismont, y fit construire un château et y fut inhumé en 1702.
de Boubers : d'or, à une croix de sable chargée de cinq coquilles d'argent.
Pressé par ses créanciers, son fils Henri-Louis dut vendre Boismont en 1727 et revenir habiter sa maison de Miannay où lui succédèrent Clause-Charles, comte de Boubers-Abbeville et son épouse.
Ils furent inhumés dans l'église paroissiale en 1769 et 1770.
A la veille de la Révolution, Amédée de Boubers-Abbeville, capitaine au corps-royal des carabiniers de Monsieur, en était le seigneur.
René de Belleval voyait dans l'aile perpendiculaire au manoir, un vestige du château d'Hector de Créqui, écuyer du duc d'Alençon au début du XVIIème siècle, détruit un siècle plus tard et partiellement rebâti par les Buissy.
Toujours est-il que l'édifice était encore habité sous la Restauration par Armand le Blond du Plouy qui mourut en 1838, sa veuve Hélène de Buissy-Fontaine fit ramener le mobilier à Rogeant.
Le Blond du Plouy : d'azur au chevron d'argent accompagné de trois roses du même.
Converti à usage de ferme et mis en vente après la mort de son fils Arnould, il fut acquis par M.Dumont-Fréville.
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Fief de Lambercourt
Vers 1435, Marie de Gouy épouse de Jean du Quesnoy, acquit des héritiers de sa tante Marguerite de Bacquemont, la seigneurie de Lambercourt, près de Miannay.
En 1580, Claude de Bourbon-Vendôme, seigneur de Ligny, y fonda une chapelle où 5 ans plus tard fut inhumée son épouse Antoinette de Bours, dame de Lambercourt.
Le sanctuaire devint le lieu de sépulture habituel de ses successeurs : Bourbon-Vendôme,Rambures et La Roche-Fontenilles.
François de La Roche, marquis de Fontenilles, y fut inhumé en 1728 et Jean-Baptiste Colbert de Croissy, marquis de Sablé en 1791.
Saccagé pendant la Terreur puis démoli, le château n'a pas laissé de traces, quant au bâtiment à usage de chapelle, il fut adjugé en 1794 pour 2300 livres et aussitôt abattu par son acquéreur, le citoyen J-B Jumel-Riquier, architecte-entrepreneur.
Ecoeurée par ce vandalisme, la marquise de Sablé, née La Roche-Fontenilles-Rambures, abandonna définitivement le site et vendit même les bois.
Dalle funéraire de Guillaume de Bours mort en 1551.
On retrouve les armes de la famille D'Occoches sur la plate-tombe gravée du seigneur de Lambercourt Guillaume de Bours (16e) dans l'église de Miannay, où elles a été remisée dans la cave de la nouvelle église après avoir échappé vers 1980, brisée de toutes parts, au remblaiement d'un chemin. Les trois coqs y sont nettement apparents, allusion parlante à la forme ancienne et picarde du lieu, qui se prononçait originellement: Ococ.
de Bours : d'or, à la croix ancrée de gueules.
d'Occoches : d'argent à la fasce de gueules, surmontée de trois coqs de sable, membrés, crêtés, becqués et couronnés de gueules.
Armoiries au-dessus de la porte latérale de l'église